Le 16 mai 2011

Chaire de recherche sur le Québec contemporain

Le Québec vu du Mexique

Simon-Olivier Lorange

Mai 2006. À la suite d'une recontre des chefs de gouvernements des Amériques, le gouverneur de l'État mexicain du Nuevo León, José Natividad González Parás, signe avec le premier ministre Jean Charest une entente de coopération qui couvre les secteurs de l'éducation, de la culture et du développement économique.

Reconnaissant notamment que «les échanges académiques sont un moyen privilégié mis à la disposition de deux sociétés désireuses de mieux se connaître et de renforcer leurs liens», les deux États ont ainsi jeté les bases d'une association qui s'annonçait déjà fort prometteuse.

C'est dans le même esprit que voyait le jour quelques mois plus tard la Chaire d'études et de recherche sur le Québec contemporain. L'Université de Sherbrooke et l'Université autonome du Nuevo León (UANL) entretenant déjà à ce moment des relations dans le domaine scientifique, il allait de soi que les deux institutions deviennent les membres fondateurs du projet et que la maison d'enseignement mexicaine en devienne l'hôtesse. Celle-ci, située dans la ville de San Nicolás de los Garza, dans la banlieue immédiate de  Monterrey, est la troisième université en importance au Mexique.

«La mise en place de la chaire a constitué le tout premier projet concret du volet éducation de l'entente, explique Mario Laforest, vice-recteur associé et directeur à l'Agence des relations internationales de l'UdeS (ARIUS), et cofondateur de la chaire. Son objectif principal est de faire connaître les réalisations québécoises en formation et en recherche : «Nous mettons donc en valeur les expertises de l'UdeS, certes, mais aussi plus largement celles d'autres universités.»

Les échanges avant tout

Jusqu'ici, c'est essentiellement autour de grandes conférences que se sont articulées les activités de la Chaire d'études et de recherche sur le Québec contemporain. De l'enseignement en ingénierie au développement durable, en passant par le droit, la culture et la religion ou encore la diversité culturelle et les relations internationales de la province, aucun champ n'est laissé en plan. Les communications sont prononcées par des chercheurs sherbrookois et quelques autres professeurs invités qui se rendent directement à l'UANL.

Bien que le but visé par la chaire soit explicitement de nourrir une meilleure connaissance du Québec contemporain chez nos partenaires mexicains, il n'est pas question d'un processus à sens unique.

Comme le souligne Carlos Medina de la Garza, qui, de par son rôle de directeur général des relations internationales à l'UANL, voit aux aspects académiques et logistiques des activités de la chaire, c'est avant tout un système d'échanges que l'on a tenté de mettre sur pied. «Chaque conférence ne consiste pas seulement en une simple présentation, mais bien en un échange entre les professeurs des deux universités dans chaque champ d'études concerné, explique-t-il. Ils peuvent faire part de leur point de vue et de leur expérience par rapport au sujet et, si possible, trouver des domaines d'intérêts à cultiver, qui mèneront à des projets de recherche conjoints.»

De fait, c'est sur ce dernier aspect, celui du partenariat dans les études futures, que les coresponsables de la chaire misent, rappelant au passage que les étudiants et chercheurs des deux universités doivent eux aussi apporter leur contribution.

«Notre travail est de trouver des prétextes, reprend Mario Laforest. Nous amorçons des choses, mais c'est aux facultés et aux départements de les démarrer véritablement, pour confirmer les effets de notre partenariat.»

Des résultats probants

Parlant d'effets, Carlos Medina de la Garza et Mario Laforest ne cachent pas leur enthousiasme à la lumière de la première année et demie de vie de la Chaire d'études et de recherche sur le Québec contemporain.

La formule a d'ailleurs déjà fait des petits malgré son jeune âge. Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) l'a «empruntée» dans le cadre d'une association avec la Sorbonne, à Paris. L'UdeS, de son côté, est actuellement en train de conclure une entente de partenariat avec la Beijing Normal University afin d'y mettre sur pied d'ici un an une seconde chaire calquée sur le même modèle.

Toujours du côté de l'UdeS, des discussions sont en cours avec une autre institution mexicaine, dans le but de poursuivre les travaux qui ont déjà été effectués. Sans parler des programmes conjoints et d'échanges avec l'UANL, qui sont eux aussi en processus d'élaboration...

«L'UdeS a initié beaucoup de choses au cours de son histoire, rappelle Mario Laforest. Quand on innove et que notre idée est reprise, ça veut forcément dire qu'elle était bonne. Alors, nous sommes très heureux si notre idée permet à la société québécoise de se faire connaître. Ce qui a été fait jusqu'ici est très probant et, avec le temps, les deux parties vont continuer à s'apprivoiser et vont pouvoir aller encore plus loin.»

«Un aspect qui nous a particulièrement interpellés est que le Québec et les Québécois, en tant que membres du monde latin, partagent un héritage culturel qui se rapproche du nôtre, conclut Carlos Medina de la Garza. Nous considérons que le Québec est une région dont les habitants partagent les valeurs, les idées, le leadership et l'entrepreneurship de ceux du Nuevo León. Nous cherchons donc, avec la chaire, à éveiller les consciences vis-à-vis des problématiques mondiales et du besoin d'internationalisation chez nos étudiants et citoyens. De fait, le programme d'internationalisation de l'UANL vise à ouvrir notre université à ce qui se fait de mieux dans le monde, et la chaire cadre parfaitement dans ce projet.»